On me demande souvent de définir la transformation digitale. C’est faisable en 3 minutes, mais avec un gros risque de perdre son auditoire. En pitch elevator de 30s, c’est mission impossible.
Je vous propose donc de prendre notre temps et de dresser un panorama de la transformation digitale au travers d’une série d’articles.
- Transformation Digitale, 1/6 – La création de valeur
- Transformation Digitale, 2/6 – Productivité
- Transformation Digitale, 3/6 – Présence digitale
- Transformation digitale, 4/6 – Innovation et développement
- Transformation digitale, 5/6 – Agilité
- Transformation digitale, 6/6 – Gouvernance et multiple
Commençons par rappeler ce que la transformation digitale n’est pas
Ce n’est pas une norme ni un processus universel. Donc à chacun sa définition, son périmètre, ses moyens, ses objectifs.
Ce n’est pas quelque chose que l’on commence, mais que l’on pratique tous depuis longtemps. C’est un processus continu, dont on peut évaluer l’avancement au regard des standards du marché qui se dessinent. On parle alors de maturité digitale, ce qui peut paraître un peu infantilisant et devra être présenté avec humilité.
Ce n’est pas quelque chose que l’on peut différer. Nos sociétés continuent de se transformer et le rythme s’accélère. Les nouvelles technologies (Big Data, Intelligence Artificielle, Blockchain, Impression 3D) fournissent des produits et services innovants, et créent des ruptures dans tous les secteurs. On ne peut donc pas s’affranchir de la réalité de notre présent et de son futur proche, exaltant et riche d’opportunités. Certes Nokia, Erikson, Blackberry, Sony n’ont pas trouvé les 10 dernières années très exaltantes, passant en cumulé de 80% à 10% de part de marché sur la téléphonie. Apple, Samsung, Huawei ont surement vécu cette période différemment. Cette réalité de vitesse et de nouvelles technologies impose d’aborder la transformation digitale dans son ensemble et sans tarder.
Alors essayons d’aller au-delà d’une définition technique telle que « la transformation digitale, c’est l’intégration généralisée des technologies digitales à l’ensemble des activités ».
Nous vous proposons de définir la transformation digitale par ses caractéristiques
La transformation digitale sert la stratégie générale sans s’y substituer. Elle est transverse à tous les services de l’entreprise et à terme, elle est globale. Elle doit être sponsorisée par la DG mais elle ne se suffit pas à elle-même et ne constitue pas une stratégie d’entreprise. Elle doit en revanche pouvoir éclairer la vision du dirigeant.
La transformation digitale contribue à la création de valeur. La création de valeur est le fil conducteur devant permettre de prioriser les projets, éviter les effets de mode et les expérimentations / POC morts nés. Les premiers projets de transformation digitale sont généralement techniques ou orientés Internet. Leur apport doit être évalué objectivement. La « mise à niveau » d’un logiciel ne constitue pas un motif suffisant d’investissement, pas plus que la « visibilité sur internet ». La transformation digitale doit donc éviter les agendas cachés et ne pas se disperser. Il faudra concentrer les efforts sur la création de valeur quitte à maintenir des systèmes vieillissant mais opérationnels.
La transformation digitale est un rempart contre la destruction de valeur. Elle peut être le lanceur d’alerte, en prévenant et réduisant l’exposition au risque de disruption. Pour cela, il faut profiter de la transformation digitale pour sortir du seul périmètre technologique et intégrer son environnement, son écosystème. Il faut aller voir ce qui se passe autour de soi, sortir, peser sur le cours des choses plutôt que subir, accompagner les start-ups plutôt que les craindre.
La transformation digitale est un moyen de faire émerger de nouveaux talents, ceux que l’on ne voit pas aujourd’hui. Dans toute équipe projet se glisse une ou plusieurs bonnes surprises humaines. La transformation digitale doit donc être gouvernée pour favoriser cette émergence de talent, prérequis à l’émergence des idées qui feront les concepts innovants et créeront la valeur. C’est un sujet d’organisation et de RH.
La transformation digitale est progressive pour tenir compte de la bande passante des équipes. Les projets s’ajoutent souvent au récurrent et personne ne dispose d’une capacité infinie. La transformation digitale est mesurable et mesurée et ainsi démontrée aux équipes. Elle est fédératrice et pas exclusive. Elle concerne tous les collaborateurs dont les attentes sont différentes et les inquiétudes légitimes. C’est un sujet d’accompagnement au changement.
La transformation digitale est cohérente, car globale et transverse, sous tendue par une vision. Et parce qu’il n’y a rien de gratuit en ce bas monde, elle est budgétée et gouvernée.
Alors en résumé : le digital sous toutes ses formes oui, mais pour créer de la valeur et du mouvement
Nous verrons dans un prochain article par où commencer, car il faut bien commencer …
Pour conclure sur une note légère et bucolique, notre spécialité chez XPR Transition c’est bien la mise en mouvement – nous excellons à transformer la montagne en une succession de collines à taille humaine. Pour la randonnée c’est quand même plus agréable…
Grégory ZULIANI